Ton métier
En quoi ton travail s’inscrit-il dans les luttes écologiques et sociales ? A quels enjeux et de quelle manière te permet-il de contribuer ?
Le design énergétique est une rupture dans le mode de penser sur la question énergétique, héritée du 18ème siècle, et dont l’approche est à bout de souffle.
On ne peut pas attendre de l’énergétique de la Révolution Industrielle, qui a généré les problèmes environnementaux et sociaux de notre époque, qu’elle les résolve.
Derrière le Design Énergétique se trouve également une profonde réflexion économique (plus juste) et philosophico-culturelle. Car aucune évolution technique véritable ne peut avoir lieu sans changement philosophique.
La philosophie sur laquelle s’ancre le design énergétique s’appelle le « réhumanisme« . C’est le contraire du transhumanime, qui postule que c’est en mobilisant et en s’appuyant sur les capacités propres de l’être humain à résoudre les problèmes énergétiques liés à la chaleur, à l’énergie cinétique et l’information/conscience, qu’on peut le rendre moins dépendant à la technique et aux énergie exogènes.
Quelles qualités et compétences sont indispensables dans ton travail au quotidien, tant techniques qu’humaines (relationnel, créativité, pédagogie…) ?
Une culture énergétique de base, et une profonde capacité à déconstruire les modèles a priori indéboulonnables (la thermique du bâtiment, la démarche scientifique, etc.).
De grandes capacités humaines, pour comprendre ce qui se passe dans la « vraie vie », avec toutes ses imperfections, ses petites choses et ses grandes victoires.
Et surtout, ne pas croire que les solutions viendront de la technique ou des institutions
Aujourd’hui, qu’est ce qui te plait le plus dans ton travail et ces différentes activités ?
La variété : le design énergétique permet réellement d’aborder TOUS les problèmes énergétiques, dans tous les secteurs.
Et aussi, le fait qu’on s’y amuse : le milieu de l’énergie et du bâtiment est vieillot et poussiéreux, et se prend très au sérieux, on n’y rigole pas beaucoup.
Nous avons décidé que l’énergie, c’était vivant et sérieux, et qu’il fallait donc beaucoup, beaucoup s’amuser !
A contrario, quels aspects apprécies-tu moins ou sont plus difficiles ?
À quel point les modes de pensée sur l’énergie son archaïques, et à quel point les changements sont verrouillés par un petit nombre de personnes plantées aux endroits stratégiques des hautes instances, dans un jeu vraiment pas toujours clair…
Qu’est-ce qui t’a poussé.e à faire ces choix professionnels ?
Avoir passé 1 an dans l’industrie aéronautique et spatiale, et en avoir été dérouté…
Avoir passé 5 ans dans l’industrie mondialisée de l’outdoor et de la montagne, et avoir détesté voir l’envers du décors
Avoir rencontré des gens passionnés et généreux dans le secteur de l’énergie
Avoir eu 40 ans, vécu un burn-out + une faillite + un divorce, ce qui m’a permis de vraiment me demander ce que je souhaitais faire et re-construire.
Ton engagement bénévole
Décris-nous en quelques mots en quoi consiste ton engagement associatif/bénévole
Aujourd’hui, je m’engage en apparence moins dans des associations nationales…
Ma contribution se situe dans une grande quantité d’écriture destinée à diffuser gratuitement de la culture et des contenus liés à l’énergie.
Je suis impliqué dans de « petites » associations très locales…
Ton parcours
Raconte-nous un peu plus en détails ton parcours…
J’ai commencé en tant qu’ingénieur de recherche et développement en thermique humaine dans l’industrie internationale du sport (auparavant, mes études m’avaient dégoûté du secteur aéronautique).
Après 4 ans, j’ai été « chassé » pour être responsable d’une gamme de matériel de montagne et escalade chez l’un des grands fabricants mondiaux du secteur.
Après 1,5 ans, j’ai été dégoûté de l’industrie mondialisée.
Je me suis reconverti dans une formation bâtiment/énergie (ASDER 2006), et surtout, j’ai rencontré les gens de négaWatt dont mon mentor, Olivier Sidler.
C’est comme ça que je suis devenu thermicien, et que devant la faillite des approches classiques, j’ai « inventé » le métier de Designer énergétique.
Y a t’il selon toi des formations indispensables pour faire ton métier ?
Oui et non… Le problème des formations, c’est qu’elles n’enseignent que des approches déjà anciennes, qu’il faut ensuite déconstruire.
Mais il faut une culture énergétique de base.
Ensuite, le Design énergétique s’applique dans de nombreuses disciplines (architecture, ingénierie, design de produits, etc.)
Toi
Quelles sont les valeurs les plus importantes pour toi ?
Des banalités… Mais je suis profondément allergique à l’injustice et à la malhonnêteté. Parmi les vertus cardinales, ma préférée est la tempérance.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans ce métier ou, plus généralement, se reconvertir ?
D’abord de ne pas avoir peur : il n’y a que la première reconversion qui fait drôle.
Ensuite, pour quelqu’un qui veut apprendre le design énergétique…de prendre contact avec le réseau, via Incub’, et d’aller discuter avec des gens qui pratiquent.
Le monde est un terrain de jeu, on y apprend beaucoup plus que sur les bancs d’une formation. La plupart sont également dépassées, avec des modalités vieillottes et inefficaces.
Merci, Pascal !
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