Ton métier
En quoi ton travail s’inscrit-il dans les luttes écologiques et sociales ? A quels enjeux et de quelle manière te permet-il de contribuer ?
Mon travail consiste à développer une activité qui a un impact positif sur le monde, et donc à démultiplier cet impact.
Chez BlaBlaCar, il s’agissait d’optimiser toutes les places vides dans les voitures.
A présent, au Drive tout nu, il s’agit de démocratiser la consommation locale et zéro déchet.
Dans les deux cas, il faut comprendre quels sont les freins à l’adoption de ces nouveaux comportements et comment on peut les dépasser.
Pourquoi l’avoir choisi ?
L’envie de travailler au service de la transition écologique est née pendant mes études d’ingénieur, pendant lesquelles j’ai choisi des options en lien avec l’environnement.
Ces cours ainsi que des lectures personnelles (notamment les ouvrages de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean) n’ont fait que renforcer cette envie. Le métier de développement est venu au fil des années et des opportunités.
Quelles qualités et compétences sont indispensables pour exercer ton métier au quotidien ?
Adaptabilité au changement et à l’incertitude, esprit analytique, leadership, curiosité, esprit entrepreneurial
Aujourd’hui, qu’est ce qui te plait le plus dans ton métier ?
La variété des thématiques, l’apprentissage permanent, le sentiment d’impact
A contrario, quels aspects apprécies-tu moins ou sont plus difficiles ?
La variété des thématiques et l’apprentissage permanent 🙂
Quelles sont les idées reçues sur ce métier ?
J’imagine qu’on peut le voir comme incompatible avec la transition, que la croissance est par définition mauvaise.
A ton avis, comment va évoluer ton métier dans les années qui viennent ?
Je pense que les entreprises se posent de plus en plus de question sur le sens qu’elles donnent à la croissance, sur le niveau d’ambition qu’il est sain d’avoir.
Ton parcours
Raconte-nous ton parcours
J’ai fait des études d’ingénieur, à l’Ecole Polytechnique. En dernière année j’ai choisi de faire un master en sciences de l’environnement à Londres.
Pendant cette année j’ai beaucoup lu sur le réchauffement climatique. Un copain avait posté sur Facebook le livre « Le plein, s’il vous plait! » de Jancovici et Grandjean. J’ai adoré leur approche ultra rationnelle du sujet.
J’ai postulé dans leur cabinet de conseil Carbone 4 pour mon stage de fin d’étude et j’ai été prise (et au passage j’y ai retrouvé le copain en question qui avait fait la même démarche!). J’y suis restée 5 ans, pendant lesquels j’ai bossé pour plein de secteurs différents, mais toujours avec la même manière d’appréhender leur activité, du point de vue des ressources physiques : quelle dépendance aux énergies fossiles de ces secteurs et quel impact sur le réchauffement climatique ? Comment le réduire et prendre un chemin plus résilient ?
Passionnant mais à la longue un peu frustrant d’être dans la posture du consultant. Et aussi de travailler pour des entreprises qui avaient développé leur activité dans un monde où ces contraintes n’existaient pas. Il était très difficile de les faire changer de direction, la transition venait la plupart du temps freiner la croissance. J’ai eu envie d’un rôle plus opérationnel, et d’une entreprise dans laquelle le cœur de métier participait à la transition énergétique. Une entreprise où faire croitre le business rimerait avec faire croitre l’impact environnemental.
C’est comme cela que j’ai rejoint BlaBlaCar en 2014. J’ai connu la phase d’hypercroissance à l’international, puis une phase de rationalisation des investissements, et une nouvelle phase de croissance avec le lancement de BlaBlaBus. J’y ai effectué plusieurs métiers. J’y ai appris énormément. C’est rare de trouver une entreprise qui a un impact positif à une telle échelle.
Après 6 ans, j’ai ressenti le besoin de faire une pause après des années très intenses, de retourner vers une structure plus petite et aussi de descendre d’un étage dans la pyramide de Maslow. Je ne suis plus très optimiste, comme je l’étais il y a 10 ans, sur notre capacité collective à enrayer la crise climatique. Je suis donc de plus en plus sensible aux enjeux de résilience, de comment construire des systèmes qui vont permettre de passer le plus sereinement possible à travers les turbulences. Et en particulier autour du besoin fondamental de se nourrir. Voilà comment je suis arrivée à me rapprocher du Drive tout nu, que j’ai découvert sur les réseaux sociaux (encore une fois !).
Toi
Quelles sont les valeurs les plus importantes pour toi ?
L’honnêteté, l’humilité, la persévérance
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans ce métier ou, plus généralement, se reconvertir ?
De s’entourer de personnes qui partagent leurs convictions. ça donne de l’énergie et de l’optimisme avant de repartir en croisade pour convaincre les autres !
Merci, Amélie !
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