Ton métier
En quoi ton travail s’inscrit-il dans les luttes écologiques et sociales ? A quels enjeux et de quelle manière te permet-il de contribuer ?
Je cherche à la fois à redonner de l’impulsion à l’ascenseur social, permettre à chacun de se reconnecter à sa nature et à remettre la question écologique et sociale au cœur des projets.
Pour cela, je me suis formée à des approches qui trouvent leur origine dans cette quête comme l’éco-coaching, la maturité coopérative et les Pratiques Narratives ou qui prennent en compte la responsabilité sociale et sociétale comme élément incontournable de la connaissance de soi.
En individuel, j’accompagne mes clients afin qu’ils (re)trouvent leur voie/voix et prennent leur place dans une société en pleine mutation écologique et sociale. En entreprise, il s’agit de remettre de la vie, du respect et de l’énergie dans les équipes et les projets de transformation.
Quelles qualités et compétences sont indispensables dans ton travail au quotidien, tant techniques qu’humaines (relationnel, créativité, pédagogie…) ?
L’envie de se former en continu et de faire un travail sur soi sont les pré-requis pour l’accompagnement des personnes.
L’écoute, la curiosité de l’autre, l’empathie sont des qualités indispensables, de même que l’agilité organisationnelle et émotionnelle.
Aujourd’hui, qu’est ce qui te plait le plus dans ton travail et ces différentes activités ?
Rencontrer des personnes de milieux très différents, découvrir de nouveaux univers, apprendre en permanence.
Pouvoir adapter mon rythme de travail pour alterner action, réflexion, infusion.
Sentir le changement d’énergie quand le déclic se fait et que tout s’enchaîne sans effort.
Travailler en coopération avec d’autres intervenants qui ont des approches complémentaires pour répondre au mieux à la demande des clients que je considère aussi comme des partenaires.
A contrario, quels aspects apprécies-tu moins ou sont plus difficiles ?
Le coaching est un métier jeune et en pleine évolution. Il y a de multiples approches, la frontière avec d’autres disciplines est assez poreuse.
Cela peut créer des amalgames et des batailles de clochers stériles au point d’en oublier qu’on est au service du client et de son objectif.
Tout cela n’aide pas à promouvoir cette posture qui est nécessaire en complément d’une posture de consultant par exemple lorsqu’on accompagne des transformations en entreprise.
A ton avis, comment va évoluer ce métier dans les années qui viennent ?
Le coaching prendra toute sa place dans une société en pleine transformation et recherche de sens s’il fait sa propre mutation. Il se démocratisera et n’importe quel salarié, quel que soit son titre, pourra bénéficier d’un coaching individuel s’il en ressent le besoin.
Et si on se projette dans un futur beaucoup plus lointain, on peut imaginer que lorsque l’apprentissage de la coopération et de la connexion avec le vivant dès l’enfance sera généralisée, la demande deviendra marginale. Puisque notre ambition est que chacun redevienne auteur de sa vie, on devrait même l’espérer.
Ton parcours
Raconte-nous un peu plus en détails ton parcours…
J’ai intégré une banque d’affaire à la fin de mon stage de fin d’étude et j’y ai grandi, j’ai évolué rapidement jusqu’à intégrer une équipe de conseil/coaching interne. Cette équipe avait été créée pour passer à l’échelle le lean management afin d’améliorer la qualité des services (agilité organisationnelle, solutions frugales et empouvoirement des équipes).
En parallèle, j’allais en Inde très régulièrement pour me réapproprier mon histoire et mon identité : mes ancêtres ont quitté l’Inde avec un contrat d’engagement de 5 ans pour travailler dans les plantations sucrières en Guadeloupe peu après l’abolition de l’esclavage. Une migration de masse qui concernait toutes les colonies sucrières des empires coloniaux de l’époque mais qui n’existe pas dans les livres d’histoire ou même touristiques. Tous n’ont pas choisi de quitter l’Inde et tous n’ont pas pu revenir chez eux au terme du contrat sans pour autant être les bienvenus dans leur nouvelle terre d’asile.
Au fur et à mesure, j’ai commencé à questionner ma place dans la société française avec mes cultures, mon mode de vie, mes besoins, la façon dont j’utilisais les biens communs comme l’eau, l’électricité, etc..
Puis, il y a eu la crise financière de 2007 que j’ai vécu de l’intérieur et quand j’ai vu l’impact économique qui a suivi, cela a été un vrai choc. Je me suis sentie désalignée et je n’osais plus dire que je travaillais dans une banque qui au fil des années avait changé d’échelle.
J’ai fait un bilan de compétences pour définir mon nouveau projet, j’ai pris le risque de démissionner en pleine période de crise économique. Il n’y avait pas les dispositifs actuels, ni même le digital pour m’accompagner mais j’étais déterminée car c’était pour moi une question de survie.
Je suis partie en Inde pour créer une entreprise de conseil et de coaching à Pondicherry où j’ai découvert le bonheur de travailler à distance, de vivre à un autre rythme et de tout faire en local. Je ne suis restée que 4 ans pour des raisons familiales et à mon retour en France, je n’ai malheureusement pas réussi à continuer cette activité.
J’ai alors intégré le monde du conseil. Cela m’a permis de me mettre à jour sur la digitalisation des métiers, les nouveaux modes de management, l’innovation mais il me manquait la dimension « coaching » pour accompagner la transformation dans les entreprises en prenant pleinement en compte la dimension humaine. Je voulais aussi pouvoir choisir mes missions donc je suis redevenue indépendante tout en ayant un filet de sécurité et un accompagnement. J’ai pu approfondir ma formation au coaching et peaufiner mon projet professionnel pour y intégrer plus d’engagement social et écologique.
C’est donc un long chemin avec différents paliers et qui continue évidemment.
Y a t’il selon toi des formations indispensables pour faire ton métier ?
Des formations en coaching et dans les approches permettant une transformation en profondeur de l’entreprise prenant en compte à la fois la stratégie, les équipes et les clients (Lean, Agile, Design Thinking, FSSD, etc..)
Toi
Quelles sont les valeurs les plus importantes pour toi ?
Le respect, la justice sociale, la fraternité, l’intégrité, la liberté.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans ce métier ou, plus généralement, se reconvertir ?
Je commencerais par rassurer cette personne si elle a des doutes : il n’y a pas d’âge minimum ou maximum, il est toujours temps de se reconnecter à ce qui nous met en énergie.
Je lui dirais ensuite de prendre le temps de réfléchir à son projet, en étant accompagnée de préférence sachant que c’est maintenant possible même sans budget.
Il y a plein de success-stories sur la reconversion professionnelle, elles concernent souvent des personnes qui ont fait des études supérieures et viennent d’un milieu aisé.
Il ne faut pas oublier qu’il s’agit un changement qui a un impact sur tous les aspects de notre vie et qu’il y aura certainement une période de transition durant laquelle les revenus peuvent diminuer et le stress augmenter. Il faut pouvoir l’anticiper et savoir sur quelles ressources on peut s’appuyer en cas de besoin.
Concernant une reconversion dans l’accompagnement des transformations collectives et individuelles, il faut s’intéresser aux enjeux actuels à l’échelle de la planète et pas uniquement à celle d’une entreprise ou du pays.
Je recommanderais de regarder au sein de son entreprise s’il y a un programme de transformation et d’essayer de l’intégrer. Si ce n’est pas possible, on peut toujours demander une formation aux approches méthodologiques car elles sont assez onéreuses. Même si cela prend du temps, préparer son projet pendant qu’on est encore en poste est plus sécurisant.
Pour terminer, reconversion professionnelle ne signifie pas forcément entreprenariat même si en France, tout est tellement cloisonné et dicté par « the » diplôme et l’hyper-spécialisation qu’on peut avoir des difficultés à trouver sa place dans une entreprise quel qu’elle soit. Créer la sienne peut alors faire sens.
Merci, Christelle !
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