Ton métier
En quoi ton travail s’inscrit-il dans les luttes écologiques et sociales ? A quels enjeux et de quelle manière te permet-il de contribuer ?
Le secteur agricole est un secteur essentiel, qui subit et contribue simultanément au dérèglement climatique, pour près d’un tiers des émissions de GES.
C’est un secteur qui s’est fortement industrialisé, où beaucoup d’agriculteurs peinent à vivre dignement de leur travail sans le soutien des aides alors que les autres acteurs du secteur agricole (fourniture, transformation, logistique, distribution, conseil) vivent de leur travail.
L’industrialisation de l’agriculture a fortement dégradé les sols, la biodiversité, l’emploi, la santé animale et végétale en simplifiant les pratiques et en complétant par des intrants (engrais, pesticides, …).
Le secteur agricole répond à un besoin fondamental : se nourrir.
Plus de 50% des 450 000 agriculteurs Français seront partis à la retraite avant 2030. Sans agriculteurs, pas de production agricole.
Attirer de nouveaux profils dans le secteur agricole, rester en lien avec les acteurs de la recherche et de l’innovation sociale, sur les façons de produire et de travailler ensemble dans ce secteur, sécuriser les reconversions professionnelles, soutenir des projets agricoles de territoire permet de s’attaquer à de nombreux enjeux transverses, sociaux et environnementaux et de promouvoir une approche moins carbonnée et plus résiliente.
Quelles qualités et compétences sont indispensables dans ton travail au quotidien, tant techniques qu’humaines (relationnel, créativité, pédagogie…) ?
Le métier fait appel à des compétences humaines, en matière de conseil, de formation, de pédagogie, de communication.
Il nécessite des compétences en matière de gestion de projet, de veille, de recherche documentaire, d’organisation.
Il implique aussi des qualités relationnelles pour travailler en lien avec d’autres acteurs et experts, avec les bénéficiaires et personnes accompagnées.
Aujourd’hui, qu’est ce qui te plait le plus dans ton travail et ces différentes activités ?
Aider les personnes à réussir leurs projets et à faire autrement.
A contrario, quels aspects apprécies-tu moins ou sont plus difficiles ?
La charge de travail administrative (dossiers, formalismes, déclarations) et le manque de visibilité sur les règles et orientations politiques très fluctuantes.
A ton avis, comment va évoluer ce métier dans les années qui viennent ?
Compte tenu de l’importance du secteur agricole j’espère que d’autres vont se saisir de la question pour contribuer à faire émerger d’autres modèles et alternatives viables et vivables.
Ton engagement bénévole
Décris-nous en quelques mots en quoi consiste ton engagement associatif/bénévole
Je suis membre de l’association la Fresque du Climat qui anime des ateliers de sensibilisation à destination du grand public sur les causes et conséquences du dérèglement climatique.
Pourquoi avoir choisi de t’engager de la sorte ? Qu’est-ce que cela t’apporte ?
C’est un format et un outil très pédagogique accessible au plus grand nombre quel que soit leur niveau de compétences techniques et qui permet de prendre conscience des enjeux.
Plus on est nombreux plus les effets de leviers potentiels sont importants au plan politique, économique, social et environnemental.
Ton parcours
Raconte-nous un peu plus en détails ton parcours…
Je suis psychologue du travail, j’ai travaillé dans le conseil RH et aux organisations, puis en entreprise sur des fonctions RH. J’ai intégré d’autres dimensions dans le cadre de projets (SI, sécurité, qualité, marchés publics).
La charge de travail administratif dans ces métiers est de plus en plus importante au détriment du temps consacré aux personnes.
Le rythme, les conditions de travail et le sens au travail ont nourri une réflexion plutôt sociale, l’intérêt pour la nature, l’alimentation et des racines dans le monde agricole ont nourris la conviction environnementale. La vente des terres agricoles de ma famille et la naissance de ma fille ont fait murir ma réflexion sur les risques et les enjeux.
J’ai repris des études en gestion et entreprenariat qui ont abouti à un projet entrepreneurial : Graines et Germoirs.
Y a t’il selon toi des formations indispensables pour faire ton métier ?
La question agricole est complexe, des compétences techniques sont utiles, des compétences entrepreneuriales, commerciales, administratives ou logistiques aussi.
Accompagner des porteurs de projets, des personnes en reconversion fait appel à de nombreuses compétences différentes.
Il faut rester curieux, se documenter, avoir des bases solides dans un ou deux de ces domaines puis s’entourer pour le reste. Se former régulièrement, notamment sur les aspects humains est précieux, les autres formations qui apportent des compétences techniques sont utiles.
Toi
Quelles sont les valeurs les plus importantes pour toi ?
La curiosité, la solidarité, la responsabilité, l’exigence
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans ce métier ou, plus généralement, se reconvertir ?
Prendre le temps de faire le point et de ralentir.
Identifier ce qui est important pour nous, là où on a pris du plaisir et été performant, là où ce n’était pas le cas.
Aller à la rencontre d’autres personnes, d’autres idées pour nourrir son projet et le confronter à d’autres regards pour progresser.
S’entourer, car c’est un parcours qui secoue parfois, et avoir des gens bienveillants et étayants autour est précieux.
Expérimenter le métier quand c’est possible.
Se former si c’est nécessaire, mais les rencontres, la lecture et l’apprentissage sur le terrain apportent beaucoup de compétences quand on a déjà un certain bagage théorique.
Merci, Nicolas !
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